Le vieux chêne
Aujourd'hui, changement complet !
Il y a déjà un moment que je voulais vous présenter un texte écrit par un monsieur âgé, que mes parents ont connu durant les deux dernières années de sa vie. Il nous a quitté il y a environ deux ans. Nous avons de lui un recueil d'histoires, poèmes en patois, le patois de son village, de sa région. Personnellement, je n'aime pas le patois mais ses textes valent la peine d'être lu. Dans son recueil, il y a la version en patois au recto et la version française au verso. Ce sont des textes surtout concernant sa vie, son histoire...
Voici donc un de ses textes...En français, puis en patois...
Le vieux chêne.
Grand amoureux de la nature
Je me promène souvent dans les prairies.
Un jour, j'ai entendu un bruit,
M'approchant, le vieux chêne m'a dit :
Poussant sur cette terre par hasard
D'un gland certainement perdu par une palombe (*)
Au fil du temps, j'ai grandi
Doucement, dans la haie du verger.
Tout jeune, j'ai vu passer les troupes de Napoléon,
Peu de temps après, la Révolution,
Ensuite, trois guerres avec l'occupation,
Les grandes victoires et la Libération.
J'ai résisté aux grands orages et aux tempêtes
Dont l'une m'a cassé la tête.
Mais la nature ne m'a pas laissé bâtard
Elle a fait de moi le plus beau des chênes têtards.
Je suis devenu une curiosité,
On vient de loin pour m'admirer,
Des alentours et des villages voisins,
De Bernissart, d'Hensies ou de Saint-Ghislain.
Dessous mon dôme de feuillage
Ce que j'en ai vu des amourettes,
Ou bien, par les fortes chaleurs,
Venir prendre un peu de fraîcheur.
A plus de deux cents ans, je suis encore en bonne santé,
J'espère encore un siècle y rester
A moins que la bêtise d'un humain,
A la tronçonneuse, à ma vie y mette fin.
Pierre Debury
(*) Palombe : pigeon ramier, pigeon des villes d'Europe.
L'viex quesne
Grand amoureux d'el nature
Je m'pourmène souvint d'vins les pâtures.
Ee joue j'ai intindu ée bruit,
M'approchant, l'viex quesne m'a dit :
Poussant d'sus terre chi par hasard
D'ée gland sur'mint pierdu pa ée mansart.
Au fil du temps, j'ai grandi
Douch'mint, d'vin l'haye du pachy.
Tout d'jéonne, j'ai vu passé les troupes de Napoléon,
Pau d'temps après, el révolution.
Insuitte, t'was guerre avé l'z'occupation,
Les grandes victoires surtout l'libération.
J'ai résisté aux grands orages aux timpettes
Dont l'éene m'a s'quetté m'tiette.
Mais l'nature n'ma gné laisser battard
Elle a faïe d'mi l'pû biau des quesnes tiéttards.
Eéd d'sus dev'nu n'curiosité,
On viex dè d'long pou m'admirer,
Des alintours eyé des villages visins,
D'Bernissart, d'Hensies ou d'Saint-Ghislain.
Pad'zou m'grande coupette,
S'que j'dai vu des amourettes,
Ou bié, pas les fortes caleurs,
V'ni prinde éene millette de fraîcheur.
A pu d'deux chints ans d'su co in bonne santé,
D'espère co ée sièque y d'morer
A moins qu'el bétise d'ée humain,
Al'tronçonneuse, am'vie mètiche fin.
Ouf ! J'ai cru devenir dingue en écrivant la version en patois ! Il y a d'ailleurs une petite anecdote me concernant, je parle patois comme une vache espagnole ! Dans un journal local, il y a chaque semaine une texte humoristique en patois, j'essaie de le lire à haute voix et tout le monde autour de moi éclate de rire ! Ben, oui, les langues étrangères, ça passe mais le patois, rien à faire ! J'ai une espèce d'accent de Marseille, sur ce patois, je ne vous dis pas le résultat ! Hihihi