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Fauvette
13 octobre 2009

Le Caillou-qui-Bique 4

ROISIN

Voilà qui est le Verhaeren descendant début août 1899 à 4 heures de l'après-midi au village d'Angreau du tortillard à vapeur qui sillonnait nos campagnes depuis la gare internationale de Quiévrain par Baisieux, Angre, Angreau et Roisin. Sachez que ce n'est pas à la gare S.N.C.B. d'Autreppe-Roisin qu'il arriva la première fois.

Il préfère les promenades en plaine et c'est donc souvent par Angreau qu'il embarquera lorsqu'il part en voyage. Il n'aimait guère le bois et le vallon. "J'y étouffe, confiait-il à ses proches amis, je m'y sens comme oppressé, car je n'ai jamais pu supporter bien longtemps les paysages bouchés où la vue ne s'étend qu'à une portée de fusil".

Verhaeren fera, bien sûr, des exceptions. Ainsi en août 1904, il écrit à Stefan Zweig qu'il l'attendra à l'aubette d'Angreau, dans le bois de Beaufort, à 11 heures.

Il lui décrit son itinéraire, 8H57' gare du Midi à Bruxelles-Mons-Dour. Il existe d'ailleurs une photo où l'on voit Léon Laurent, propriétaire de la crèmerie et Verhaeren sur le quai d'Angreau.

En ce début août 1899, le poète était accompagné de sa femme et de leur très fidèle amie Mademoiselle Emilie Nysten (1863-1944), régente à l'Ecole Normale de Liège qui traduisait les lettres et articles que Verhaeren recevait de ses divers correspondants allemands. Madame Anna Rodenbach, née à Frameries, épouse de Georges, romancier, auteur de " Bruges-la-Morte ", décédé l'année d'avant, les attend avec son fils.

Rodenbach et Verhaeren, nés l'un et l'autre en 1855, étaient très intimement liés depuis leurs études. Mais Georges meurt en 1898, laissant sa veuve en proie à un chagrin immense. Ses médecins lui prescrivent un repos dans le calme, loin de Paris. Sa famille de Frameries lui dénicha la ferme des Laurent au site du Caillou-qui-Bique, une bâtisse noyée dans les taillis où les promeneurs de la région avaient l'habitude de manger les excellents repas préparés par Madame Laurent.

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Deux évènements ont attiré les regards vers le Caillou :

1882 : l'achèvement de la ligne de chemin de fer Dour-Cambrai.

1885 : la grotte d'Angre, découverte en 1883, est rendue accessible au public grâce aux efforts de Théodore Bernier d'Angre, père de Charles.

Théodore fit éditer une brochure où il décrivait les attractions touristiques de la contrée. Il exagérait un peu mais c'était un fonceur et ce sont des tempéraments comme lui qu'il faut dans notre cher Haut-Pays.

En 1899, Monsieur et Madame Verhaeren viennent en visite chez leur amie Madame Rodenbach. Ils ne savaient pas qu'ils reviendraient au Caillou-qui-Bique pendant quinze années, jusqu'en 1914 et l'affreuse guerre.

Tous les printemps, toutes les fins d'été et tous les automnes, ils s'installèrent dans la maisonnette que Monsieur Léon laurent leur avait aménagée.

Verhaeren, souffrant de rhume des foins, n'était jamais chez nous en juin et juillet. le poète, dans ce havre de paix, va vivre des moments heureux faits d'écriture, de promenades, de rencontres.

Rencontres avec des gens du pays : l'abbé Fourneau vicaire de Roisin, Louis Dupriez brasseur à Angres, le docteur Mailleux de Montignies-sur-Roc, Léopold Delépine secrétaire communal d'Angre, M. Mayeur instituteur à Angreau, Fernand Glineur chef de gare à Roisin-Autreppe...

Rencontres avec des représentants du monde des arts : les peintres Constand Montald, Théo Van Rysselberghe, Maurice Ruffin, Anto Carte, le graveur Charles Bernier, les écrivains Camille Lemonnier, Jules Destrée, Mabile de Poincheville, Louis Piérard et le célèbre Stephan Zweig.

Il se mêlait volontiers aux évènements locaux, un enterrement, une fête à Sebourg, une soirée dramatique...Le 9 août 1908, il présida une manifestation importante en l'honneur de Charles Bernier à Angre.

Verhaeren était un homme simple, bon et honnête.

Dans le monde parfois marginal des artistes, il est un bel exemple d'humanité.

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APRES 1899

Le poète a 44 ans, il vit de sa plume. il a hérité de ses parents et il gagne bien sa vie car ses oeuvres se vendent et ses conférences dans de nombreuses villes européennes sont bien payées (500 F en Allemagne en 1910)

L'ouvrier des carrières gagnait au début du siècle 3 F pour une journée de 11 heures !

La trilogie du bonheur

Verhaeren est heureux, il traduira ce bonheur dans le suite des "Heures".

" Les Heures d'après-midi" (1905)

" Les Heures du soir" (1911)

Recueil qui se termine par un voeu d'une beauté touchante mais que l'horrible destin ne permettra pas de concrétiser :

" Lorsque tu fermeras mes yeux à la lumière,

  Baise-les longuement, car ils t'auront donné

  Tout ce qui peut tenir d'amour passionné

  Dans le dernier regard de leur ferveur dernière".

La trilogie de l'homme et du travail

" Les Forces tumultueuses" (1902)

" La multiple splendeur" (1906)

" Les Rythmes souverains" (1910)

L'enthousiasme entraîne le poète qui devient le chantre de la ferveur, du mouvement, de l'énergie.

La vie est dans l'effort, le bonheur est dans la lutte.

C'est grandiose.

Le cycle : " Toute la Flandre" (1904 à 1911)

Cinq recueils qui magnifient la terre natale.

Dans le premier, "Les tendresses premières", il évoque les jours de l'enfance au bord de l'Escaut à Saint-Amand.

Les Blés mouvants (1912)

Le poère chante la Honnelle :

" L'entendez-vous, l'entendez-vous,

  Le menu flot sur les cailloux ?

  Il passe et court et glisse,

  Et doucement dédie aux branches,

  Qui sur son cours se penchent,

  Sa chanson lisse ".

" Les Flammes hautes"

Poèmes écrits entre 1912 et 1914 mais édités en 1916.

L'ouvrage était entièrement achevé au moment où la guerre éclata mais à cause d'elle, la publication fut retardée et Verhaeren ne connut pas la victoire qu'il avait si ardemment espérée.

Sept pierres du circuit nous en proposent des extraits.

Le drame atroce

Le 27 novembre 1916, Verhaeren meurt sous un train en gare de Rouen. Il a 61 ans.

Il était venu donner une conférence au Musée de Rouen à l'occasion d'une exposition d'art franco-belge au profit des oeuvres d'assistance aux mutilés de la guerre.

C'est André Gide et Madame Van Rysselberghe qui se rendirent à Saint-Cloud avertir Madame Verhaeren.

Des funérailles au front belge

Il fut décidé de ramener la dépouille sur ce bout de Belgique que l'armée belge tenait.

L'enterrement eut lieu dans le petit cimetière contigu à l'église d'Adinkerke.

Les restes furent ensuite transférés au cimetière du vilage de Wulveringhem, non loin de Furnes.

Les funérailles nationales eurent lieu le 9 octobre 1927 à Saint-Amand en présence du Roi Albert 1er et de la Reine Elisabeth devenus des amis.

La maison Verhaeren au Caillou-qui-Bique fut détruite le 6 novembre 1918 par des obus incendiaires.

Elle fut reconstruite en 1929 par sa propriétaire Marie Laurent-Dupriez, l'amie de Marthe Verhaeren qui donna d'ailleurs de précieuses indications quant à la décoration du bureau du poète.

Marthe revint en mars 1931 pour la dernière fois et mourut le 2 juin de cette même année.

Elle fut enterrée dans le cimetière de Saint-Amand auprès des parents de la tante de Verhaeren. Mais son corps fut heureusement transféré dans le tombeau de son cher époux en 1955.

Fernand Glineur y apporta un bouquet de fleurs sauvages du Caillou.

Le monument aux morts de Roisin

Parmi les victimes civiles figure Emile Verhaeren.

Le monument de Bargette

Le premier buste fut réalisé par le sculpteur hennuyer Angelo Hecq. Inauguration le 17 mai 1937.

Le deuxième buste est du sculpteur Van der Srappen ( 1843-1910). Inauguration en 1951.

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1955 : le circuit des pierres, créé à l'occasion du centenaire de la naissance du poète par René Vandevoir, conservateur passionné du Musée du Caillou.

Les médaillons (1955)

de Bonnetain Armand (1883-1973) sont encastrés dans une plaque de marbre scellée dans le mur de la maison où séjournèrent pendant quinze ans, à différents moment de l'année, ces chers hôtes qui nous firent tant d'honneurs.

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Voilà pour ce qui est de la vie d'Emile Veraheren.

Lors de la promenade du circuit des pierres où sont gravés quelques extraits des poèmes de Verhaeren, nous nous rendons compte que ce n'est pas toujours lisible et ça ne donne rien du tout en photo. Je vous écrirai donc ce qui est gravé sur ces 24 pierres, du moins si ça vous intéresse...

Désolée pour la longueur de cet article...

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Commentaires
U
Oui, Philippe, tu as raison : cet hommage à Emile Verhaeren me plaît beaucoup. J'en parlerai sur mon blog dans les prochains jours car je n'ai jamais vu un aussi bon reportage sur le "Caillou qui bique" et Verhaeren. Signalons malheureusement que le Musée Emile Verhaeren de Roisin attend désespérement des subsides pour être réouvert... Son souvenir est mieux entretenu dans son village natal de Sint-Amands où son musée fonctionne parfaitement.
C
et bien merci pour ce cours d'histoire, très agréable à lire, et très bien illustré<br /> <br /> bisous
Y
Merci pour cette leçon d'Histoire.<br /> Bonne soirée.<br /> Yvon.
P
Voilà qui devrait plaire au Petit Belge; quel reportage complet sur ce poète que je connais peu.<br /> Je ne me souviens pas de ce circuit des pierres.Il faudra vraiment que j'y retourne.
J
quelle documentation et quel hommage tu rends a ce poète . bonne journée et gros bisous .
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