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Fauvette
13 novembre 2009

Emile Verhaeren

Et maintenant que sont tombés les hauts feuillages

Et maintenant que sont tombés les hauts feuillages
Qui tenaient le jardin sous leur ombre abrité,
On voit, à travers le branchage à nu, monter
Là-bas, vers l'horizon, les toits des vieux villages.

arbre_hiver

Tant que l'été darda sa joie, aucun de nous
Ne les a vus groupés non loin de notre porte
Mais aujourd'hui que fleurs et que feuilles sont mortes
Nous y songeons souvent avec des pensés doux.

arbre_hiver_3

D'autres gens vivent là, entre des murs de pierre,
Derrière un seuil usé que protège un auvent,
N'ayant pour seuls amis que la pluie et le vent
Et la lampe dont luit l'amicale lumière,

chaumiere_hiver

Dans l'ombre, au soir tombant, quand s'éveille le feu
Et que se tait l'horloge où le temps se balance,
Autant que nous, sans doute, ils aiment le silence
Pour se sentir penser au travers de leurs yeux.

chaumiere_4

Rien ne trouble ni pour eux ni pour nous ces heures
De profonde et tranquille et tendre intimité
Où l'on bénit l'instant qui fut d'avoir été
Et dont celle qui vient est toujours la meilleure.

Sans_titre_1

Dites, comme eux aussi serrent l'ancien bonheur
Fait de peine et de joie entre leurs mains qui tremblent
Ils connaissent leurs corps qui ont vieilli ensemble
Et leurs regards usés par les mêmes douleurs.

chaumiere_2

Les roses de leur vie, ils les aiment fanées
Avec leur gloire morte et leur dernier parfum
Et le lourd souvenir de leur éclat défunt
Se fripant, feuille à feuille, au jardin des années.

rose_fan_e

Contre le noir hiver ainsi que des reclus
Ils se tiennent blottis dans leur ferveur humaine
Et rien ne les abat et rien ne les amène
A se plaindre des jours qu'ils ne possèdent plus.

arbre_hiver_1

Oh ! Les tranquilles gens au fond des vieux villages !
Dites, les sentons-nous voisins de notre cœur !
Et combien, dans leurs yeux, retrouvons-nous nos pleurs
Et notre force et notre ardeur dans leur courage !

hiver

Ils sont là, sous leur toit, assis autour des feux
Ou s'attardant parfois au bord de leur fenêtre,
Et, par ce soir de vent ample et flottant, peut-être
Ont-ils pensé de nous ce que nous pensons d'eux.

Emile Verhaeren

Les Heures du soir

Sans_titre_1

Bonne journée à toutes et tous !

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Commentaires
N
poète découvert en primaire sur les bancs de l'école... mais que je n'avais pas revu depuis....<br /> merci pour ce très joli texte bien illustré....
Y
Les illustrations photographiques sont superbes.<br /> Bravo.<br /> Bon week-end.<br /> Bisous.<br /> Yvon.
U
Ravi que Philippe et toi sachez désormais mettre des commentaires sur mon blog. Merci de faire vivre la mémoire de ce grand poète belge qu'était Emile Verhaeren. Bon week-end!
C
il est beau ce poème, moi j'aime bien<br /> c'est vrai que l'automne est une magnifique saison pour ses couleurs mais cette année, il est trop humide, on n'a même pas le plaisir de marcher dans les feuilles mortes pour les entendre craquer sous nos pieds, au contraire, je vois avec la poussette, elles collent c'est presque désagréable<br /> moi qui suis pourtant frileuse, j'aime les photos que tu as mis sur l'hiver, j'aime le froid sec, le givre qui recouvre les branches et les toits et j'adore la neige<br /> <br /> oups un peu long mon com, désolée<br /> <br /> bisous
E
Choix parfait, merci de nous faire connaître ce poème qui ouvre une porte sur bien des choses !
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